• LE VAMPIRE

    Charles Pierre Baudelaire


    Toi qui, comme un coup de couteau.
    Dans mon coeur plaintif est entrée;
    Toi qui, forte comme un troupeau
    De démons, vins, folle et parée,

    De mon esprit humilié
    Faire ton lit et ton domaine.
    --Infâme à qui je suis lié
    Comme le forçat à la chaîne,

    Comme au jeu le joueur têtu,
    Comme à la bouteille l'ivrogne,
    Comme aux vermines la charogne,
    --Maudite, maudite sois-tu!

    J'ai prié le glaive rapide
    De conquérir ma liberté,
    Et j'ai dit au poison perfide
    De secourir ma lâcheté.

    Hélas! le poison et le glaive
    M'ont pris en dédain et m'ont dit:
    « Tu n'es pas digne qu'on t'enlève
    A ton esclavage maudit,

    Imbécile!--de son empire
    Si nos efforts te délivraient,
    Tes baisers ressusciteraient
    Le cadavre de ton vampire! »

    Une nuit que j'étais près d'une affreuse Juive,
    Comme au long d'un cadavre un cadavre étendu,
    Je me pris à songer près de ce corps vendu
    A la triste beauté dont mon désir se prive.

    Je me représentai sa majesté native,
    Son regard de vigueur et de grâces armé,
    Ses cheveux qui lui font un casque parfumé,
    Et dont le souvenir pour l'amour me ravive.

    Car j'eusse avec ferveur baisé ton noble corps,
    Et depuis tes pieds frais jusqu'à tes noires tresses
    Déroulé le trésor des profondes caresses,

    Si, quelque soir, d'un pleur obtenu sans effort
    Tu pouvais seulement, ô reine des cruelles,
    Obscurcir la splendeur de tes froides prunelles.



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  • [ La Gitane ]


    Ta main ouvre ton sac à la recherche d'un paquet
    Attrape une cigarette, ne trouve point de briquet.
    Soudain une flamme orange s'agite devant tes yeux.
    Quel est ce mystérieux homme qui te tend du feu ?

    Tu retrouves enfin ton calme, heureuse de fumer
    Mais tu angoisseras une fois ta blonde consumée.
    Tu aimes respirer l'odeur du tabac séché,
    Ces bouffées de plaisir cachent un mortel péché.

    Provoquer le danger excite la belle novice.
    Depuis ton entrée au lycée, tu pratiques ce vice,
    Attirée par la perversion de cet objet
    Qui séduit, sans doute, mais empoisonne, sans regret.

    Tu peins des cercles vicieux avec tes lèvres pulpeuses.
    Soudain résonne ta voix grave de grande fumeuse.
    Mais déjà ta cigarette se change en mégot
    Que tu écrases froidement dans le cendrier des maux...
     
    © 2004 Duncan

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  •                              Lumière Sang

                  ...                                                    ...

      

     

                                     Ais-je été nommée

                                                   ?

     

      Que c'est étrange

                      Leurs blessures ne m'ont pas fait paraître

     

      Laissée dans l'ombre de la souffrance

                                                                              Je trépasse

     

              Sort incurable

     

                                             Mon pouvoir

                      Affaibli

        Ne fait plus hurler l' Abîme

     

     

                         L'essence dans ma substance  s'est éteinte

                                                                                                                      

    De mes faisceaux ne coulent plus le sang

                  jadis issue de la Souffrance des Hommes

     

                                     

       Ils ne m'appellent plus

     

                                  Fuir

                                       Deviens mon crédo

     

    Je m'en retourne à l' Ether

     

                                                      Je ne suis plus

     

     

     

                                                                                               ¤fin¤

     

     

    ã Nocturna (lënae) 2004


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  • [ La Lune ]




    Cette nuit-là allongé avec elle
    Jamais je ne l'ai trouvée aussi belle
    Ce long câlin avec une brune
    Dans un duel avec la Lune

    Drapée dans son manteau blanc
    La planète avait cet air fascinant
    L'astre timide apparaît entre deux nuages
    Jeu de cache-cache de l'ingénue d'un autre age

    Soudain les ténèbres se font bleuâtres
    Les cieux s'écartent sous le feu de l'âtre
    La pleine Lune apparaît auréolée de blanc
    Inondant de lumière mon visage souriant

    (c) Duncan 2004


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  •     

                Vampirella


    Adieu sourire unique sur ton doux visage d'ange
    Adieu bel espoir de croquer ton joli cœur
    Finis tes langoureux baisers de passion sauvage
    Finies les violentes morsures de l'amour sans peur

    Plus un mot doux pour croire en mon cœur fragile
    Plus un regard tendre pour boire mon corps solitaire
    Tu as effacé ta proie assoiffée sans t'en rendre compte
    Tu as oublié ta victime vampirisée à force de décompte

    Un soir ta seule apparition m'a séduit sans foi
    D'un seul regard tu as enflammé ma croix
    Soudain je n'ai eu de pieu que pour ton cœur
    J'étais alors le soleil brûlant de tes nuits de peur

    Mais ton cœur change comme le temps sans prévenir
    Créature mystérieuse de rêve tu disparais pour fuir
    Femme en apparence ton cœur pleure avec tes yeux
    Homme en essence seules mes lèvres oublient tes cieux

    Il est trahi en silence le mortel qui vénérait ta beauté
    Il est parti sans histoire le chasseur mal aimé
    Il a agonisé au petit matin l'homme trop blessé
    Il est mort sans honneur et sans veine le soldat tué

    Nymphette cruelle tu as joué avec mon corps
    Femme fatale tu as brisé d'un coup mon cœur
    Pourtant rien n'efface le bonheur de ces instants
    Jamais nulle ne gommera ta gravure dans mon sang...


    (c) Duncan 2004


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